Pour Canal Education, revue du CNED, mai 2003

La Cité des métiers de La Villette propose un pôle « changer sa vie professionnelle, évoluer, valider ses acquis »

 

La Cité des sciences et de l’industrie de La Villette, créée en 1986 à Paris, s’est donné pour objectif de répondre directement aux questions d’insertion et d’orientation professionnelle tout au long de la vie ; elle a affirmé cette volonté d’utilité sociale directe en ouvrant, en mars 1993, la Cité des métiers (www.cite-sciences.fr/citedesmetiers). Cet espace d’information et de services accueille depuis tous les publics, quelque soit leur âge, leur statut, leur niveau de qualification. Sur ses dix premières années de fonctionnement, la cité des métiers a reçu plus de deux millions et demi de personnes, en majorité de dix-huit à quarante ans, dont la moitié de demandeurs d’emploi. Elle a également essaimé sur une dizaine de sites en France et à l’étranger, fédérés par l’association internationale « réseau des cités des métiers ».

La première des particularités de ce dispositif est son métissage institutionnel. La Cité des métiers est en effet animée par des professionnels de l’Afpa[1], de l’ANPE, de la Boutique de gestion de Paris, du Cesi[2], du Cime[3], du CIO[4] média-com, du Clip[5], du Cnam[6], du Cned, des Dafco/Geta[7], du Dava[8] de Paris et du réseau des CIBC[9], qui ont mutualisé leurs ressources et leur moyens pour répondre au besoin social d’amélioration de l’insertion et de l’évolution professionnelle des individus.

L’entrée par les besoins des usagers est la seconde particularité de la Cité des métiers. Ainsi, les conseillers des diverses institutions œuvrent-ils non sous les logos de leurs institutions respectives, mais sous des enseignes indiquant une préoccupation formulée conformément aux paroles des usagers : « changer sa vie professionnelle », « créer son activité »… L’usager pourra ainsi, à la lumière de cette pluralité de points de vue, repositionner sa démarche au sortir de plusieurs entretiens. Pour fonctionner, ceci suppose des efforts permanents de mutualisation des connaissances et des compétences de la part des conseillers.

À l’usage, on constate que cette plateforme remplit trois fonctions nécessaires et complémentaires aux réseaux des services de l’emploi, de la formation et de l’orientation : elle est à la fois aiguillage et vitrine en amont ; en aval, elle est « service consommateur » sans pour autant assurer de suivi individuel : c’est en effet l’usager qui reste intégralement propriétaire de ses démarches. La Cité des métiers complète donc les lieux habituels des réseaux, comme les CIO, les ALE[10], les missions locales et autres centres de bilan sans faire double emploi. Les institutions et les personnels qui la co-animent y développent d’ailleurs de nouvelles façons de travailler et de nouvelles compétences, qui transforment les métiers traditionnels des divers conseillers à la vie professionnelle[11]. Globalement, une cité des métiers se présente comme un centre de service visant à permettre à l’individu d’être moteur de son orientation et de sa formation tout au long de sa vie.

L’évolution des possibilités de validation des acquis intéresse donc au premier chef la Cité des métiers. Depuis son ouverture, les conseillers, et particulièrement ceux du pôle « changer sa vie professionnelle » informaient fréquemment sur les lois de 1985 et de 1992 en matière de reconnaissance et de validation des acquis professionnels. Les élargissements apportés par la loi de modernisation sociale avec l’introduction de la validation des acquis de l’expérience (VAE) concernent très directement les conseillers et usagers de la Cité des métiers. C’est ainsi que dans le cadre mis en place par le contrat de plan État - Région d’Île de France, la plateforme a été choisie pour accueillir une antenne d’information conseil destinée à aider toute personne à comprendre les possibilités et modalités de la VAE et à identifier le cas échéant la certification à laquelle elle peut prétendre et la procédure à suivre.

Au vu de l’intérêt de considérer et de présenter la VAE comme un outil au service de l’évolution professionnelle, cette fonction d’information conseil a été intégrée au sein d’un pôle unique et élargi : « changer sa vie professionnelle, évoluer, valider ses acquis ». Doté de ce nouvel intitulé et des nouvelles compétences de l’antenne VAE, ce pôle permet de mettre en perspective les envies ou besoins d’évolution des usagers avec l’ensemble des outils favorisant la meilleure connaissance, la validation ou le développement de leurs compétences. En 1996, ce pôle avait déjà  élargi son intervention et s’était métamorphosé en pôle « changer sa vie professionnelle », élargissement d’intitulé qui s’était également assorti d’une évolution des compétences et des méthodes de conduite d’entretien par ses conseillers.[12]

Bien sûr, comme toutes les autres activités des cités des métiers, cette fonction d’information conseil se développe dans l’esprit de la charte[13] citée plus haut et permet donc de balayer tous les diplômes et certifications, délivrés par tous les organismes habilités[14]

Concrètement, ce pôle est en place depuis le début de l’année 2003 et la demande des usagers est en nette progression depuis. Il est fort probable que cette augmentation de la demande se poursuive, d’une part parce que la VAE constitue un outil de reconnaissance des compétences et une stimulation à leur développement et d’autre part par ce qu’elle porte symbole d’une transformation du statut des diplômes et donc d’une nouvelle continuité formation initiale / formation tout au long de la vie.

Olivier Las Vergnas,

Encadré

Un modèle populaire

Devant l’intérêt suscité par le concept de la Cité des métiers auprès de plusieurs partenaires territoriaux, la Cité des sciences et de l’industrie a formalisé les critères de la labellisation du concept dans une charte et un cahier des charges : dans ces documents, une cité des métiers se définit comme un lieu multi-publics, multi-partenaires, multi-usages (permettant toutes les modalités de consultations et d’information) et multi-thèmes (tous les aspects de la vie professionnelle, tous les secteurs). Ils précisent également qu’elle doit être centrée sur les usagers et en accès libre et gratuit. Ainsi, sur ce modèle, ont ouvert les cités des métiers de Belfort, Nîmes, Côtes d’Armor, ainsi que celles, en Italie, de Milan, de Gênes et de Cagliari et au Brésil de Bello Horizonte. Prochainement s’inaugureront les sites de Barcelone, Taranto (Italie), Marseille et Pointe-à-pitre (Guadeloupe).



[1] Association pour la formation professionnelle des adultes.

[2] Centre d’études supérieures industrielles.

[3] Comité d’information et de mobilisation pour l’emploi.

[4] Centre d’information et d’orientation.

[5] Carrefour local pour l’insertion professionnelle

[6] Conservatoire national des arts et métiers

[7] Délégation académique à la formation continue.

[8] Dispositif académique de validation des acquis

[9] Centre interinstitutionnel de bilan de compétences.

[10] Agences locales pour l’emploi.

[11] Cf. Drevet D. et Monod A. (coord.), « Usager acteur… la Cité des métiers », in Actualité de la formation permanente, n° 158, janvier-février 1999.

[12] Voir AFP 158, (op. cit.),  dans le dossier : usager acteur : cité des métiers, l’article : un pôle se raconte.

[13] Elle est d’ailleurs doublement encadrée déontologiquement, puisque les décrets d’application sur la VAE prévoient aussi une charte des points relais VAE qui va dans le même sens.

[14] Dans la mesure bien sûr où les procédures et guides seront mis en place par lesdits organismes.